L’histoire,
à proprement dite, du Parc des Princes commença à l’aube du règne
de Louis-Philippe, durant l’époque de la Restauration (entre
les 2 révolutions françaises de 1789 et 1848). Louis-Philippe,
contrairement à Louis XVIII, et Charles X, décida de reprendre
la tradition des rois urbanistes. Cette tradition fit son
apparition avec Henri IV en 1594 (premier urbaniste de Paris). Ce
fut en 1841, que Louis-Philippe décida de construire une nouvelle
enceinte bastionnée (enceinte dite de Thiers), défendue par 94
bastions et 17 forts avancés. Cette enceinte dépassa largement
les frontières de l’agglomération parisienne (mur d’enceinte
dit des fermiers généraux construit de 1784 à 1791), et passa
donc à travers des communes suburbaines dont Auteuil et Boulogne.
Ce fut à ce moment-là, que les membres de la cour royale et de
l’aristocratie parisienne allèrent se distraire dans un parc,
dit le Parc des Princes, dont l’actuel Bois de Boulogne faisait
partie. Ce parc était immense, et se situait juste derrière les
fortifications à l’Ouest de la Capitale.
En 1860, Napoléon III décida sur les conseils d’Haussmann,
d’annexer les communes enfermées dans l’enceinte de Thiers,
et, dès lors, Paris sera divisé en vingt arrondissements.
C’est ainsi, qu’Auteuil se retrouva dans Paris, et
qu’aujourd’hui, nous pouvons dire que le Parc des Princes est
le Stade de Paris.
Avant
d’accueillir un lieu sportif, le site du Parc des Princes, près
de la porte d’Auteuil, fut un haut lieu scientifique. En Août
1882, le Conseil Municipal de Paris proposa ce site pour la création
de la « Station Physiologique » en vue de recherche sur
l’homme et les animaux. Dès le mois de Mars 1883, les expériences
sur les mécanismes musculaires commencèrent. Pour ce faire, les
scientifiques avaient mis en place une piste circulaire où ils
faisaient marcher et courir des hommes et des chevaux, dans le but
d’observer l’évolution des mouvements en fonction de la
fatigue et autres ( Les descriptions de ces expériences ont été
relatées par E.J. MAREY dans la revue « La Nature » à partir
de 1883). Ce centre de recherches laissa place, après la seconde
guerre mondiale, à des installations sportives permettant
l’application concrète des analyses minutieuses. Ainsi, la
finalité reste la même, sous une autre forme.
Le premier équipement
sportif sur le site du Parc des Princes, fut un vélodrome,
construit en 1897. Il fut inauguré le 18 juillet 1897, et
comptait 20000 places. Il reçut, sur sa piste ovale avec ses
virages peu inclinés, l’arrivée du Tour de France à partir de
1902. Mais l’engouement pour le cyclisme provoque dès 1931 la
reconstruction du vélodrome.
Le nouveau
Stade-Vélodrome du Parc des Princes fut terminé en avril 1932,
et avait des gradins d’une capacité de 50000 spectateurs, et
une pelouse de football et de rugby aux dimensions Olympiques.
En
1967, la construction du Boulevard Périphérique oblige la démolition
d’un bon quart des gradins du Stade-Vélodrome. La Ville de
Paris, pour des raisons stratégiques et économiques, a saisi
l’opportunité pour reconstruire un stade digne de Paris. Cette
décision fut prise suite à l’abandon, en 1963, de la
construction d’un stade de 100000 places dans le Bois de
Vincennes.
Donc la totalité,
du Stade fut reconstruite pour atteindre 48527 spectateurs assis,
avec cependant la suppression de la piste cyclable (entraînant la
modernisation de celle qui ce trouve dans le Bois de Vincennes),
et de la piste d’athlétisme (envoyée vers le stade Pershing à
côté de l’institut national des Sports). Après la mise à
l’écart d’un premier projet, Roger Taillibert fut choisi,
pour ses compétences dans le domaine des équipements sportifs
(Centre nautique de Deauville, centre d’entraînement préolympique
de Font-Romeu), pour concevoir le nouveau Stade du Parc des
Princes. La société Bouygues fut chargé du chantier qui commença
en 1969. L’édifice fut officiellement inauguré par Georges
Pompidou le 4 Juin 1972.
Vue
aérienne du Parc des Princes en 1972
Depuis, le Parc des Princes, de part sa conception, s’est imposé
non seulement comme un haut lieu de football (Il a fait parti des
stades qui ont reçu des matches de la Coupe du Monde « France 98
») et de rugby, mais aussi comme un lieu de spectacles et de
grands événements. Il est considéré, aujourd’hui et risque
de le rester encore pour longtemps, comme le Stade de la Ville de
Paris.
La construction du parc des princes
Le dossier
d’appel d’offre (assez complet mais non arrivé du point de
vue technique), fut envoyé directement aux entreprises. La société
Bouygues fut choisi pour réaliser ce chantier, mais cependant,
avec l’obligation de faire équipe avec l’entreprise Boussiron,
un spécialiste de la précontrainte, car Bouygues n’avait pas
encore fait de génie civil. Le chantier commença en novembre
1969, alors que constructeurs et architecte n’avaient pas encore
eu l’occasion de se voir.
Dans un premier
temps, le chantier devait s’organiser en 3 tranches :
la 1e tranche : reconstruction des nouvelles tribunes à
l’emplacement de celles qui ont été détruites à cause du
boulevard périphérique. Elles ont été financées par la
Direction de la Voirie.
Les 2e et 3e tranches : reconstruction du reste des tribunes, qui
furent elles, financées par la Sous direction de l’action
culturelle de la Jeunesse et des Sports avec des subventions de
l’Etat.
Ce système de
tranches a été mis en place pour permettre à la pelouse de
rester en fonctionnement. Mais, lors d’un match important, les
spectateurs mécontents de ne pas avoir de place occupèrent le
chantier. Fort heureusement il n’y a pas eu d’incident, mais
la conséquence fut l’arrêt de toute activité sportive au
stade. En 1970, le chantier occupait donc sur la totalité du
site. Ce fut une chance pour les constructeurs, qui pouvait
disposer de la pelouse pour y installer une vraie usine de préfabrication,
la grue (déplaçant 20t à 25m de haut ce qui était unique en
France) ayant été montée à la place de la piste du vélodrome.
Cette usine, in situ, a permis de gagner un temps très précieux.
Cette économie de temps fut d’autant plus grande que le
chantier avait été organisé pour éviter les échafaudages grâce
à la technique de post-contrainte.
L’avancement
du chantier avait un rythme hebdomadaire : préfabrication, pose,
finition. Tous les éléments de structure étaient préfabriqués
en béton précontraint, traités brut de décoffrage. La
construction des éléments du gros œuvre se faisait de la façon
suivante :
Les Fondations :
Les consoles au dessus du Boulevard périphérique furent ancrées
dans sa couverture, cette dernière étant constituée par des
poutres réunies à l’aide de deux dalles pleines.
Les autres consoles furent fondées sur une semelle isolée
reposant sur la craie.
Le socle :
Les socles de chaque console sont en béton armé et furent coulés
sur place. Mis à part la forte densité du ferraillage, l'exécution
resta dans le domaine du traditionnel.
La console :
Elle fut entièrement préfabriquée au sol en plusieurs éléments
appelés voussoirs.
Les voussoirs :
Les poteaux sont composé de 9 à 14 voussoirs.
Les fléaux sont eux composés de 7 à 11 voussoirs.
Ces voussoirs sont des éléments creux qui furent préfabriqués
dans deux cellules, l'une pour le poteau, l'autre pour le fléau.
Chaque voussoir étant différent du suivant, les coffrages sont réalisés
par des banches (en planches de 22 cm) déformées au moyen de vérins
pour obtenir la forme prévue. Cette machine fut spécialement
inventée pour répondre aux exigences de précision nécessaire
à la bonne réalisation de l’ouvrage. Pour assurer une
conjugaison parfaite des voussoirs entre eux, chacun est coulé
sur le précédent. Cela a permis de passer les câbles de
post-contrainte sans difficulté.
Le
montage des voussoirs :
Pour le poteau :
Les voussoirs furent empilés sur le socle à l'aide d'une grue spéciale
de 500 Tm. Ils ont été maintenus provisoirement par des câbles
de précontrainte enfilés au cours du montage dans des gaines
situées à l'avant du poteau (évitant ainsi le dévers arrière
du poteau seul).
Une fois le poteau terminé, les câbles de précontrainte, devant
assurer la stabilité définitive de l'ouvrage, furent alors enfilés
; Leur nombre variant de 11 à 6 paires. Ces câbles s’opposent
au basculement avant de la console. Une fois enfilés, les câbles
furent tendus à l’aide de vérin. Un cône de rétention fut
installé pour les laisser en tension, puis l’ensemble fut caché
par un mortier de cachetage.
Pour
le fléau :
Chaque voussoir amené à la grue fut réuni provisoirement au précédent
par des tiges de brelage. Ensuite, au moyen d'un treuil déroulant
le câble selon sa courbure naturelle, on enfila une paire de câbles
pour liaisonner définitivement le voussoir au reste de l'ouvrage.
Une résine époxy fut appliquée sur les surfaces des voussoirs
à réunir, dans le but d’éviter les éclatements du béton au
droit des joints lors de la mise en tension des câbles et aussi
d'assurer l’homogénéité de l’ouvrage.
Les réglages directionnels furent assurés par trois joints matés
: 1 pour le poteau, 2 pour le fléau.
Bandeau
:
Le dernier voussoir du fléau est un élément du bandeau, on y a
adjoint deux éléments latéraux. Ces trois éléments furent
solidarisés au bandeau de la console voisine par 5 câbles de précontrainte.
Voile
courbe :
Le voile courbe venant entre les poteaux et fermant l'arrière des
gradins fut préfabriqué au sol en trois éléments qui ont été
enfilés dans des glissières situées à l'avant des poteaux,
puis solidarisés par précontrainte.
Les Gradins.
Ils furent préfabriqués en béton armé par éléments de 3
gradins, mis en place sur les poutres, puis assemblés à sec avec
le suivant. Ils furent posés à partir de ponts roulants
s’adaptant aux différentes géométries des consoles.
Ce chantier fut
minutieusement contrôlé et dirigé par l’informatique car
sinon, il aurait demandé beaucoup plus de temps. L’ordinateur a
exécuté rapidement des calculs complexes qui ont permis de
minimiser les épaisseurs des éléments tout en conservant les
garanties de sécurité. Il a aussi permis de fournir la géométrie
des pièces, leurs caractéristiques mécaniques, les efforts, les
contraintes à toutes les phases du montage et de tenir compte du
vieillissement du béton. Des clinomètres (appareil permettant de
vérifier la stabilité d’un bâtiment) furent mis en place sur
chaque élément du gros œuvre. Cela a permis, de mesurer la
relaxation du béton et des câbles mais surtout, de
s’apercevoir que la précisions des calculs informatiques était
de l’ordre de quelques millimètres. Ce fut donc un chantier
d’une grande rapidité et d’une excellente qualité pour l’époque
grâce à une conception originelle qui a permis une réalisation
logique et aux moyens techniques modernes mis en œuvre pour y
parvenir.